Ben est handicapé, mental et physique. Il attend le corps ramassé dans sa poussette / fauteuil roulant, le visage grimaçant. Ben doit avoir huit ou neuf ans. Il est en vacances avec ses parents et grand-parents paternels. Aujourd’hui, ils prennent tous le bateau pour se rendre sur une île piétonne. Heureusement, il y a une étroite route goudronnée qui dessert la partie de l’île sur laquelle ils pourront se promener. La campagne est plus pratiquable que les grandes villes finalement avec leurs escaliers à l’unisson, leurs trottoirs dénivelés et leurs entrées étroites. En attendant, c’est la cohue estivale sur le bateau, il n’y a pas de place pour tout le monde, ça se bouscule pour ne pas attendre la prochaine navette et ça trépigne à l’arrivée pour sortir les premiers. Finalement, nous avons suivi le même rythme avec Ben, nous sommes montés dans les mêmes bateaux. À chaque fois, la même expression marquée sur le visage de son père, le poids du regard des autres sur son fils, les yeux détournés, gênés, et puis manquerait plus qu’on le laisse passer avec son engin, il va mettre des plombes à sortir. De sorte que je l’ai chaque fois laissé passer, mon geste anodin comme une caresse sur ses sourcils fatigués.