
Colette vit dans une petite maison récente – zone pavillonnaire avec vue distanciée sur le bord de mer. Ils ont emménagé là avec René, son mari, il y a presque vingt ans. Ils voulaient une maison neuve, de plein pied, à l’approche de la retraite. Colette et René se sont tout de suite intégrés.
Ils parlent avec un bon accent de la campagne et vous embrassent sur les deux joues quand ils vous voient pour la première fois, joues rosies par le froid et une vie laborieuse. Ce sont des gens gentils. Ils sortent les poubelles des voisins quand ils sont en vacances, arrosent leurs plantes, et s’occupent même de nourrir les animaux de la maison d’en face 302 jours par an parce qu’ils ne vivent pas là ; même si ces gens là abusent d’eux et n’ont pas même l’élégance d’être reconnaissants.
René et Colette ne voient le mal nul part, ils ne passent pas leur temps à énoncer la litanie des menus services rendus, ils ne disent jamais de mal des autres. Et puis il faut bien que quelqu’un s’en occupe des animaux, ils ne vont pas les laisser mourir de faim, pauvres bêtes.
Je crois finalement qu’il nous faudrait bien plus de Colette et de René. Je crois que ce n’est pas leur crédulité qui est en jeu. Le problème ne sera jamais d’étendre la gentillesse, mais plutôt d’atténuer les petitesses.