
Margot a l’allure proprette : longs cheveux châtains artificiellement lissés, vêtements bon chic bon genre précautionneusement choisis pour une allure toujours juste et de bon ton, le sourire vissé au visage. Il y a quelque chose de profondément aimable chez Margot, sa gentillesse, sa curiosité, sa façon de s’accommoder de tout. Pourtant, on se heurte très vite à une glace transparente – invisible à première vue – et qui empêche de percer une part de sa vérité.
Il y a trois ans, Margot a décidé que le célibat n’était plus une option. Elle a assisté à un énième mariage de ses amis pendant l’été et y a rencontré un homme avec qui le courant est bien passé. Ils se sont vus 48 heures, puis lui est reparti en Nouvelle-Calédonie, là où il vit. Ils ont correspondu un moment et Margot a décidé de tout plaquer, son job de pharmacienne, sa famille, ses amis pour aller le retrouver.
Margot y vit encore, elle affiche toujours son bonheur de façade : une vie de couple rangé, la maison avec piscine qu’elle vient d’acheter et pour laquelle elle s’est endettée, et peut-être des enfants bientôt qui sait? Elle est prête à faire une croix sur ses rêves de mariée; même sans la cérémonie et tutti quanti, elle est toujours plus proche de la bonne voie. Même si elle ne l’aime plus, même si elle se dit qu’elle ne le supporte des fois.
Margot est une jeune femme sensible et malléable, à l’aube de la trentaine, plus soucieuse de se fondre aux désirs des autres que de se connecter à ses propres nécessités. Elle ne s’est résolue à quitter sa famille – ses parents – que pour se rapprocher plus encore de l’image qu’ils se faisaient d’elle. Pour mieux s’y conformer.