
Willy est mon premier conducteur de VTC. Après un salut circonstancié, il me demande de me décaler d’un siège car, dit-il en me désignant ses jambes – immenses – d’un mouvement de tête, sa maman l’a fait très grand.
Dans l’habitacle, ça sent le neuf, cuir sombre brillant immaculé. Willy m’explique que c’est la voiture de son cousin. Il la conduit depuis un an, la nuit le plus souvent. Willy ne gagne pas grand chose après le prélèvement des commissions de la plateforme. Les VTC, « c’est l’esclavagisme moderne » dit-il.
Willy m’explique qu’il n’a rien foutu à l’école et maintenant, il s’en mord les doigts. J’essaie de lui dire qu’il n’est jamais trop tard pour rebondir, qu’il devrait chercher autre chose. Il me répond qu’il a un plan pour travailler avec un ami, qu’il va peut être commencer une formation en boulangerie.