
Raj et Amzen sont amis depuis l’école primaire. Amzen se présente comme soudanais et Raj comme indien. A Nara, sur le quai du train qui nous ramène à Kyoto, ils parlent l’un et l’autre un anglais parfait. On s’assoit côte à côte sur la banquette, je pose quelques questions, et très vite, ils se racontent.
Amzen est né de parents soudanais, classe privilégiée, il a vécu à Dubai, puis ils sont partis en Nouvelle-Zélande. Il n’a jamais passé plus d’un mois de vacances au Soudan. Raj et lui se sont rencontrés à Auckland, à l’école donc. Raj venait d’arriver avec sa mère et ses frères et sœurs. Leur père était resté à Mumbai pour faire tourner le business familial d’antiquités. Raj et Amzen ne se ressemblent pas, l’un a étudié la programmation informatique, l’autre la philosophie.
Pourtant, derrière la spiritualité de Raj et les sourires narquois d’Amzen qui l’encourage à poursuivre ni regard mi-moqueur, mi-attendri, se déploie le lien ténu de l’enfance, une connivence faite d’incongruités anciennes, d’aimables tracasseries et d’affection partagée. Désormais, Raj a rejoint son père aux affaires, et Amzen travaille pour une grande entreprise. Ils se retrouvent une à deux fois par an pour voyager.
Aujourd’hui le Japon, demain Taiwan, et après l’Europe peut-être?