
Marie-Ange est gardienne dans un grand immeuble haussmannien du 9ème arrondissement. Elle aime son métier, être le chantre de cette micro-société : passer les messages et les paquets, écouter, observer, dépanner, choyer les lieux comme ses habitants.
Son appartement est en rez-de-chaussée, exposé à tous les vents de passage. L’entrée se fait directement dans son salon, on butte d’abord sur le lourd canapé qui mange toute la pièce. Marie-Ange y entasse ses souvenirs de voyages, ses quatre masques africains, ses tentures de Bali. Aujourd’hui, Marie-Ange voyage moins. Sa jeunesse est passée.
Elle entasse dans son appartement exigu – conjonction de pièces contorsionnées – les objets disgraciés des appartements voisins. Elle leur redonne une seconde vie d’un coup de peinture ou de ponçage, puis les revend sur internet. Marie-Ange aime la recup, produire quelque chose de tangible de ses deux mains. Quand elle vend quelque chose, c’est autant d’argent mis de côté. Pour un prochain voyage peut-être?