
Sylviane travaille dans la fonction publique. Elle vient de reprendre le travail après une épaule cassée et un long arrêt maladie. C’est une femme gentille et absolument bavarde, qui semble combler ses failles par la compagnie d’autrui.
Sylviane aime le bleu et l’argenté qu’elle a choisi pour son sac-à-dos et sa besace coordonnée. Elle aime les textures froufroutantes et le maquillage. Chaque matin, elle reproduit les mêmes gestes : couvrir son visage d’une épaisse couche de fond de teint comme un rempart contre l’adversité, puis un peu d’ombre à paupières bleu irisé et un épais trait d’eye liner noir. C’est sa signature, à mi-chemin entre Cléopâtre et le regard mutin d’Audrey Hepburn.
Sylviane a un fils de 12 ans qu’elle va chercher à l’école les après-midi avant de reprendre le travail depuis chez elle. Je m’interroge sur la petite fille blessée dissimulée sous l’épaisseur des fards, sur la mère seule et dévouée, sur la femme malmenée par la vie.