
Chérif est venu profiter de deux heures de soleil avant la pluie. A l’abri sous son manteau, il ne craint plus que l’ennui. Chérif aime prendre son temps le dimanche matin, marcher et quitter les barres d’immeubles de son quartier pour rejoindre le parc. Il aime les petits kiosques cachés, les promontoires rocheux vertigineux dans les yeux des enfants, les cascades à l’encoignure des chemins. Un jour, il avait même tapé le nom du parc dans un moteur de recherche, juste pour voir. La butte – creusée – a servi de carrière après la Révolution, pour l’extraction de gypse et de pierres meulières. C’était le repère, parait-il, des brigands et des renégats. Chérif sourit devant les pelouses parfaitement coupées aux allures d’alpages helvétiques, puis il bifurque du chemin et rejoint un lourd platane. Il s’assoit dans un creux des racines boursouflées, le dos contre le tronc. Enfin, il ouvre son livre de chevet, loin de la foule déchainée.