
Marjorie se tient seule, droite comme un i face à la petite table carrée, sa tête comme un point suspendu au-dessus d’un corps maigre et fragilisé. Sur son visage, des lèvres figées comme deux lignes parallèles, si droites que jamais elles ne se croisent, plates comme le pays que chantait Brel.
Elle attend son café, un double expresso avec un nuage de lait, chaque matin, à la même place, dans le même bistrot, le même masque d’absence posé sur sa figure. Marjorie est la seule femme dans ce café d’hommes où l’on carbure plus souvent à la bière pour bien démarrer la journée.