
Valentin est haut comme quinze pommes empilées les unes sur les autres mais il a pourtant tout d’un chef de clan, responsable et autoritaire. Je l’aperçois sur le quai opposé, suivant sa mère et son petit frère installé dans la vase clos de sa poussette. Sa mère babille – froufroutante – dans une robe corolle colorée, le téléphone portable vissé à l’oreille droite.
Mais la promenade s’achève en bas des marches, Valentin nez à nez avec les escaliers. En un instant les jeux sont faits, les parisiens pressés se sont déjà tous précipités dans les escaliers avant qu’ils n’atteignent le bout du quai. Alors il s’impatiente et appelle de sa voix fluette lancée à la volée des escaliers : « Est-ce-que quelqu’un peut nous aider? »
Un jeune hommes obéissant s’exécute sous le regard scrupuleux de Valentin, sa mère imperturbable, branchée téléphoniquement à une autre réalité.