
Accoudée au tableau blanc, un feutre dans la main droite, Léa tient l’attention de son auditoire : quarante hommes assis en rang d’oignons sur les marches de pierre. Ils sont demandeurs d’asile, réfugiés, sans papier, débarqués au cœur de Paris il y a quelques jours ou plusieurs mois. Ils affrontent l’indifférence des uns, l’hostilité des autres, ils découvrent l’entraide aussi, la bienveillance attentive, la générosité courtoise.
La vie, petit à petit, reprend ses droits entre les tentes d’appoint, les distributions de repas, le remugle de la grande place où les enfants s’ébattent loin des recoins odorants qui puent la pisse, de quoi vous faire remonter la gerbe par temps de pluie.
Léa est une jeune femme brune d’une vingtaine d’années, cheveux courts, robe estivale au-dessus du genou. Un jour, elle a décidé qu’elle ne serait pas de ceux qui viennent juste s’attabler en terrasse les soirs d’été. Elle ne voulait nier personne, encore moins son instinct qui lui disait d’agir.
Avec une copine, elles ont chacune acheté un tableau, des stylos, définit un créneau, et elles sont venues donner des cours de français sur la grande place. Seuls les hommes ont afflué, ils sont venus d’un coup, autant pour l’attraction et l’attention qui leur était donnée que pour la qualité des cours. Certains se relaient même pour aider Léa et assurer les traductions du français vers les différents dialectes parlés.
Quel beau portrait! 🙂
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Merci 🙂
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