
Il était une fois une jolie chaumière à l’orée de la forêt où vivait un couple avec leurs trois filles. La maison était modeste – typique des constructions normandes environnantes avec leurs toits de chaumes et leurs poutres apparentes sur la clarté des murs de torchis – deux pièces uniques et un grand jardin entretenu avec soin, les fleurs à droite et la serre garde-manger sur la gauche.
Henri avait été jardinier dans un magasin de plantes des environs avant de se mettre à son compte. Sa femme, Emma, était cantinière à l’école du village. Il s’étaient rencontrés à l’école il y a plus de vingt ans, étaient tombés amoureux et ne s’étaient plus quittés. Leur fille aînée, Fleur, était une belle jeune fille à la douceur aiguisée. Chacun de ses gestes semblait mesuré, juste et sans lenteur, comme une caresse pour les yeux. Fleur avait quitté la maison voilà quelques mois pour rejoindre un internat où elle devait apprendre l’horticulture. Elle avait quitté l’équilibre ouateux du cocon familial à contre cœur, leur chambre unique partagée avec ses deux jeunes sœurs. Iris avait aussitôt quitté son lit superposé pour s’emparer du lit de Fleur. Iris avait quatorze ans, une crinière blonde, une énergie furibonde de cueilleuse d’étoiles et des envies déjà très claires pour l’avenir, elle serait astronome. Seule Rose, la petite dernière, se laissait encore porter par les flots insouciants de l’enfance, sa vie déjà remplie par l’école, ses amis et ses longs après-midi passés avec son père. Avec lui, elle avait appris à dompter l’âne trouvé un matin d’hiver perdu dans la clairière qui jouxte la maison. Pendant quatre ans avec son père ils l’avaient apprivoisé, nourri, soigné, lui avaient appris à être attelé et à porter la petite Rose ou des paniers le long de ses flancs.
Emma était une mère aimante et dévouée – clé de voûte laborieuse et solaire de l’équilibre de sa petite famille – heureuse de se consacrer à un travail sans vocation mais permettant à chacun et chacune de vivre avec passion.
Une réflexion sur “20/08/2016, Henri, Emma, Fleur, Iris et Rose”