
Anne-Marie est un petit bout de femme, cheveux blancs coupés à la garçonne, visage carré et regard malicieux. Elle est mère de quatre enfants, grand-mère de cinq petits-enfants. Anne-Marie est bretonne, elle n’a quitté sa région natale que pour voyager avec son mari. Ensemble, ils ont arpenté la Syrie, le Liban et l’Europe. Ils ne sont jamais allés en Asie ou en Amérique latine, ils préfèrent voyager court.
Anne-Marie aura bientôt soixante-dix ans, elle est encore en bonne forme même si sa santé vacille parfois, « son cœur » dit-elle. Son cerveau lui se porte bien, il fuse même. Anne-Marie refuse de sombrer dans la lenteur d’un troisième âge envahissant. Elle a appris l’espagnol, puis l’arabe classique il y a bientôt 10 ans. Elle collectionne les livres, même les manuels de préparation aux concours d’infirmière où elle enchaîne les épreuves de logique, histoire de donner à ses neurones un peu de gymnastique.