
Christelle dévale le petit chemin de terre du Cap Fréhel ; ou plutôt elle tâtonne, elle balbutie sur le sentier tracé entre les rochers. Son père est descendu en éclaireur pour repérer les lieux et apercevoir la faille qui trône là, entre terre et mer. Il est talonné par son fils, un poil empoté lui aussi. Il descend le sentier au rythme d’un gastéropode hoqueteux et n’ose s’approcher du vide de peur d’être aspiré.
Christelle et son frère sont deux blonds à la peau claire, une vingtaine d’années, complètement inhibés, comme bloqués encore à leurs quatorze ans. Christelle porte ses beaux cheveux blonds jusqu’aux fesses, façon princesse, un jean et un t-shirt datés. Avec ses sandales à talons sur les sentiers de douaniers, elle semble comme arrêtée dans l’espace temps.
Ils s’en remettent tous deux à leur père pour les guider un à un et par la main jusqu’à la faille. Je me demande quelles failles leurs parents leur ont légué justement, pour en faire des êtres si indécis avec la vie.