
François a le regard hagard, incertain, comme s’il cherchait dans vos yeux à être rassuré, aimé. Il m’a instantanément rappelé ce personnage d’un film de Nicole Garcia que j’ai beaucoup aimé, Un beau dimanche. Pierre Rochefort y campe un jeune professeur des écoles en fuite de responsabilités. Il enchaine les remplacements précaires sans velléité d’être titularisé.
François enseigne l’histoire-géographie au collège et change de lieu tous les 6 à 12 mois. Il vient de débarquer dans la moitié sud de la France avec soulagement, les montagnes à portée de vue et la sensation de pouvoir respirer – enfin – après dix mois d’enfer dans un collège ZEP du nord parisien. Les journées qui s’enchainent à reculons, la tête à l’envers et l’envie ventre à terre. François n’a pas été soutenu par sa hiérarchie, il a eu la sensation qu’on lui sautait sur la tête à pieds joints pour mieux le noyer dans son bain quotidien : classes dispersées, vindicatives, violentes. Les adolescents, ça ne pardonne pas, découvrez une faille, juste un reflet, et ils la creuseront à tour de bras.
Et puis, il n’y peut pas grand-chose François. On n’a pas tous l’étoffe d’un héros pour insuffler l’envie d’apprendre d’un système à ceux qui s’en sentent exclus. On tend rarement l’autre joue quand on vient de se prendre une claque. Et pourtant il en faut, aujourd’hui et demain. Leur travail est titanesque mais c’est notre affaire à tous de le faciliter, de cesser les discriminations à l’embauche et au quotidien, les raccourcis et a priori, de renforcer la mixité sociale et de donner à ces jeunes d’autres clés pour avancer et renforcer leur confiance en eux indépendamment du regard d’autrui.
Un portrait très juste il me semble dans ce contexte difficile de certains jeunes …
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Merci routid pour votre commentaire. C’est un vaste sujet en effet. Disons qu’il s’agit ici d’un instantané.
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