
Marie-Claire est debout en retrait, un verre de blanc à la main au cocktail de fin de projection d’un festival de court-métrages. Frange de cheveux blancs, collier de perles et robe noire au-dessous du genou. Marie-Claire a cinquante et quelques années.
Elle ne regrette pas d’être venue mais elle s’est tout de même ennuyée ferme par moments, surtout à la fin. Marie-Claire est venue parce qu’elle s’est abonnée – comme ça – pour essayer. Du coup, elle se retrouve à jongler certains soirs entre ses pièces à la Comédie Française et les films, à courir de l’un vers l’autre. Ces temps ci, elle est venue souvent. Pour voir les films de la quinzaine des réalisateurs, mais ça allait de mal en pis. D’abord un film afghan comme « laissé sur arrêt » dit Marie-Claire. La steppe sèche et ocre à perte de vue, immobile. Et dire qu’en pensait se marrer en s’abonnant. Et puis le dernier, la palme! Un film en forme de parcours initiatique et poétique – soit – mais on se perd dans des méandres littéraires et libertaires. Du sexe en voilà en veux-tu, à tous les coins de rue, des seins opulents et lustrés, petits et fermes, des pénis gonflés d’orgueil et de désir. Des scènes franchement inutiles dit Marie-Claire, « qui ne servaient pas le propos ». Des scènes crues… « allez elle nous le dit », une scène de sexe entre un homme et une naine qui a ses règles, et le sang qui reprend le dessus et passe par dessus bord.
Marie-Claire est souvent seule le soir. Son mari est absent, ses enfants sont grands. Alors même si elle est très occupée, elle reviendra sans doute demain, et après-demain, par curiosité.