
Ils sont arrivés par dizaine, arc de cercle souriant face au soleil. Installés devant l’église Saint-Eustache, en tête à tête avec la lourde statue de grès – écoute – sacs posés à leurs pieds découverts en ce premier jour de grand beau temps.
Au centre, une jeune professeure intronisée chef d’orchestre pour représentation impromptue de plein air. Deux blondinettes à la peau claire se tiennent a l’extrémité gauche du cercle, robes fleuries mouvantes qui se déhanchent en rythme. Le reste du groupe se situe dans la plus grande tradition du gospel afro-américain, cages thoraciques déployées, des garçons surtout, et une fille, dégradé de visages habités et peaux olive, caramel ou chocolat. Les dynamiques inconscientes, profondément ancrées, restent à l’œuvre finalement.
Bientôt, les passants s’arrêtent, des sourires se dessinent et l’ombre passe sur les visages d’une plénitude sans nuage.