Laura et Manu sont de jeunes parents, la trentaine à moitié pleine. Ils voyagent en Irgousistan avec leur deux petits garçons de six et sept ans, Maxence et Paul. Laura s’en souvient encore, le corps encore rempli du tumulte de l’accouchement, et puis à nouveau la vie qui grandit, souterraine et sous yeux. Mais ils ne regrettent pas leur choix, leurs deux fils qui grandissent de concert, frères unis et meilleurs amis.

Avec Manu, les deux garçons oscillent entre le français et une langue aux consonances slaves qui me reste encore inconnue. Laura, elle, est française à 100 %. Longs cheveux châtains, marinière rayée blanche et bleu marine, son clope au bec aux instants choisis de la journée. Le soir depuis le toit de l’hôtel dans le silence de la nuit, on observe avec recueillement l’astre solaire qui périclite et disparaît, déployant un arc en ciel d’orangés, de bleus verts de gris sur les toits de la ville basse. Ville du désert, ville brûlante polie de toits en terre disparates d’où affleurent à intervalles réguliers des dômes bombés, royaux, tapissés d’or et de turquoise.

Maxence et Paul sont deux petits êtres graciles et frêles, infatigables. Leurs parents ne savent plus quoi inventer pour les épuiser. Ce sera un football improvisé ouvert aux bonnes volontés avoisinantes, à 16 heures, 40 degrés sous un soleil de plomb. Le rythme cardiaque accélère de quelques battements, les gouttes de sueur qui pointent à la racine des cheveux et entre les omoplates, les mouvements amplifiés comme dans un film au ralenti. Maxence et Paul, eux, ne sentent rien. Ils trottinent derrière la balle, parlent le langage universel du ballon rond.

Leur rire est clair quand, la nuit tombée, ils regardent un dessin animé, calmes enfin, mais toujours pas fatigués.