
Je n’ai finalement pas échappé au service des urgences de Palaté. Arrivée en pleine nuit, conduite par deux ambulanciers bien moins dégourdis et charmants que Mojtaram. Une arrivée peu conquérante, j’avais juste eu le temps de troquer mon mini-short de nuit pour un pantalon large et un sweat gris, la capuche érigée en voile, la rigueur à ses limites.
Arrivée à l’hôpital, on m’a mise sous perfusion. Des médecins et infirmières se sont amassés autour de moi, mascotte improbable sous ces latitudes. Même malades, les femmes ici portent scrupuleusement leurs longs voiles noirs, couvertes de pieds en cap. Les malades s’entassent, personnes âgées mutiques assommées sur leur brancard, garçon à la jambe cassée maintenue par deux morceaux de bois.
Salomé est arrivée peu après, elle s’est présentée en anglais, m’a annoncée qu’elle était médecin et m’a expliqué d’une voix rassurante qu’il fallait procéder à quelques examens supplémentaires mais que ce n’était sans doute rien de grave. Salomé a un visage aimable, des cheveux épais teintés au henné dépassent de son voile et ses sourcils très maquillés soulignent son regard de deux épaisses virgules.
Elle m’a expliqué qu’elle ferait tout ce qu’elle pouvait pour m’aider, question de solidarité. En Irgousistan, on lui avait dit quand elle devait se rendre en France que personne ne l’aiderait, mais ce n’était pas vrai. Alors, cela lui semble normal de nous rendre la pareille.