
Mohammed a l’air sérieux d’un professeur d’université. Cheveux noirs et brillants peignés de frais et dégarnis sur l’arrière du crâne – lunettes métalliques rectangulaires – chemise impeccable à motifs bleus géométriques en dépit de la chaleur.
Mohammed est conducteur de taxi, un véhicule jaune canari à inscriptions orangées typique d’Irgousistan. Il nous a conduites à deux reprises et nous a appris à verser le thé, à la mode, à la mode d’Irgousitan, dans un joli salon tapissé à flan de cours d’eau. Mohammed ne parle pas anglais, on se comprend par bribes, par signes intempestifs, et souvent on ne se comprend pas. Quand il nous attend pendant les visites, il potasse un manuel d’anglais : un ouvrage rouge écrit en double page, l’une calligraphiée en irgousi, l’autre en anglais.
Mohammed a une petite femme replète et voilée qu’il nous montre en photo, un garçonnet de cinq ans et une petite fille fraichement débarquée il y a quelques mois, qu’il garde photographiée en tous sens dans son appareil photo, entre quelques clichés de touristes qu’il a mené, comme nous, sur les routes de sa région.