
Je m’appelle Leïla, j’ai 34 ans. Ma fille Kimia a 17 ans, l’âge que j’avais quand elle est née. Je suis tombée enceinte juste après mon mariage. Mon mari était un peu plus âgé, sa famille connaissait la mienne depuis des années, nos parents ont arrangé le reste. Kimia est née dans la foulée, cela veut dire « rare » en irgousi. Je n’ai pas eu d’autres enfants, je n’en veux pas. Avec la naissance de Kimia je suis devenue mère, j’ai rempli ma part du contrat.
Je ne travaille pas, mon mari ne veut pas, ce serait une insulte que sa femme travaille pour d’autres. Nous menons une vie frugale, je dépense peu. J’ai peu de besoins de toute façon, je n’aime pas le maquillage, je n’ai pas envie de me refaire le nez comme les autres femmes ici. Parfois, j’aimerais plus de coquetterie, mais je préfère faire plaisir à ma fille, je veux le meilleur pour elle. J’aimerais qu’elle fasse plus attention, elle est trop dépensière. Elle adore les sacs, sa chambre est une vraie galerie, et les montres, elle en a trois. Elle passe beaucoup de temps à parler avec des gens que je ne connais pas sur WhatsApp et cela m’ennuie.
Kimia est une jeune fille gentille et intelligente, je suis fière d’elle. Elle travaille bien à l’école. Elle adore le français, elle l’apprend seule avec des livres. Mes amies me disent parfois qu’elle n’a pas assez pris de sa mère, qu’elle est moins jolie que moi. C’est vrai que son père n’est pas très beau, je ne sais pas. Je ne m’aime pas beaucoup de toute façon.
Une réflexion sur “03/06/2016, Leïla”