
Leïla et Montassar s’ennuient, enveloppés dans la langueur de midi. La salle du restaurant où ils officient est vide : alcôves tapissées colorées, plafond haut en coupole qui domine la scène et nous observe en chiens de faïence.
Leïla, d’abord, vient prendre la commande. Puis elle ressurgit des cuisines et se poste derrière son bureau, face à la porte battante de verre, à l’accueil du restaurant. Leïla et Montassar s’ennuient fermes. D’un coup, l’exode rural se met en marche et prend visage, l’horizon recroquevillé des jeunes de provinces, le chômage, les petits boulots bon an mal an ; et puis l’envie, l’attraction des grandes villes, Minué, Palaté ou ailleurs, n’importe quoi d’autre, les pots d’échappements qui crachent à pleins poumons, le monde, la nouveauté, les boutiques sagement alignées.
En attendant, Leïla fixe son écran d’ordinateur et joue au solitaire, ou regarde l’image statique de la caméra de surveillance placée à l’entrée du restaurant où, de toute manière, il ne passe jamais personne. Montassar, lui, fouette les nappes et les coussins pour enlever la poussière qui se serait incrustée là – tombée d’ennui elle aussi.