
Didier prend le soleil de midi sur le front de mer, observant les copains sur le terrain de pétanque. Il porte un polo à manches courtes bleu marine rincé par les lavages. Sa peau est rouge et tannée comme un vieux cuir, coriace à force de vent et de soleil.
Didier m’a parlé pendant que je descendais les marches et passais devant lui. Il m’a dit qu’il m’attendait depuis un bon bout de temps. Didier vit dans une petite ville au bord de l’estuaire de la Gironde, « sa maison est au bout de la route à droite de l’étal de légumes de Michel ». Avant, il vivait dans une autre ville adjacente et travaillait dans la construction. Eriger des maisons. Didier n’a pas toujours vécu là. Il a aussi travaillé en Savoie, d’Annemasse à Thonon-les-Bains, il vendait du poisson.
Il faut quelques instants pour s’habituer au flot de paroles démantibulées de Didier. Les mots exultent étrangement de sa bouche. Ils glissent sur ses gencives dénudées, sans caisse de résonance. Didier n’est pas très grand et j’ai une vue plongeante sur ses quatre chicots et demi, hors d’âge et noircis par l’usage.