
Théo a vingt ans, des cheveux châtains coupés en brosse, un visage doux et des yeux couleur café. Il tourbillonne sur la piste et chantonne avec délice.
Théo est autiste, il vit dans un centre spécialisé avec d’autres personnes handicapées. Il a sa propre chambre – un espace qui n’appartient qu’à lui – les murs estampillés d’affiches aux visages de chanteurs, aux lettres épaisses et colorées. La semaine, il travaille à l’atelier de fabrication avec les autres, chacun absorbé par la tâche qui lui incombe : conditionnement ou déconditionnement de vieux téléphones portables, et autres menus travaux pour encourager l’autonomie.
Aujourd’hui est un jour férié, son centre restait exceptionnellement fermé pendant le pont. Les parents de Théo avaient répondu présents à une invitation de mariage depuis belle lurette. Sa grande sœur ne pouvait pas le prendre en charge. Ses parents ont d’abord pensé à se séparer. L’un avec lui tandis que l’autre serait de la noce. Les mariés – bien sûr – les ont tous conviés.
J’ai croisé Théo plusieurs fois pendant la soirée, jamais avec ses parents, ils le laissaient vivre. Il a esquissé quelques gestes brusques sur la piste, observant les autres du coin de l’oeil pendant les chansons en anglais parce qu’il ne comprenait pas les paroles. Il y avait quelque chose de beau en lui, dans sa façon d’être au monde.
Il est libre Théo, il y en a même qui disent qu’ils l’ont vu danser.