03/05/2016, Marion

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Marion s’est assise à côté de moi dans le train direction Bordeaux. Un emménagement en trois étapes avec installation de son ordinateur aux allures de monospace familial, courbures carrées, costaud et fiable pour tenir dans la durée. Puis elle avale goulûment son yaourt et procède au choix attentif du film qui l’accompagnera pendant le trajet, écouteurs vissés aux oreilles pour un isolement complet.

Marion est étudiante dans une école de commerce du nord de la France. Elle est plutôt jolie, lisse, peu loquace. Au passage du contrôleur, elle le prévient de l’oubli de sa carte de réduction et prend des airs de jeune fille rangée. Elle répète que c’est la première fois, qu’elle vient tout juste de se faire voler ses papiers. Je souris intérieurement et me revois dans un train Paris – Lille dix ans en arrière. J’avais oublié ma carte jeune et sorti le même bobard pour émouvoir.

Marion, elle, ne lâche rien. Elle sanglote et demande dix fois au contrôleur s’il peut « faire quelque chose ». Il lui répète autant de fois qu’elle doit juste régler une grosse amende, puis qu’elle se fera intégralement rembourser. Mais Marion insiste pour trouver un « arrangement ». J’en viendrai presque à l’imaginer lui proposer une petite pipe dans les toilettes pour rentrer dans les rails. Mais le contrôleur Imperturbable encaisse le paiement.

Marion peste enfin, et part en quête de son dîner au wagon restaurant. Elle revient parée d’une salade de carottes et avale le tout lentement, bouche entrouverte, en faisant résonner chaque bouchée. A l’arrivée en gare d’Angoulême, elle me demande si « vraiment elle doit ôter son ordinateur de la tablette », si je ne peux pas juste me glisser. De quoi me faire ravaler mon sourire intérieur pour un pincement franchement irrité.

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