
Gaston a le verbe jouisseur, deux yeux rêveurs et le sourire charmeur.
Il n’est ni pêcheur de trêves verticales, ni arpenteur horizontal, ni moissonneur de vies fertiles, ni vendeur d’oripeaux, ni orpailleur intrépide. Il est tout ça à la fois.
Gaston mène un double jeu, tour à tour tenancier d’une boutique de pho(ôôô)tocopies comme le chante si bien Camille, puis déclameur chanteur qui ne réclame pas. Sa voix porte loin des mots pétris de sens. Des mots nobles, des mots gouailleurs, des mots bons pour le cœur.
Gaston chante en créole parfois, les maux de l’Afrique et d’ailleurs, le colonialiste nombriliste, la prodigieuse Martinique. Mélomane jazzman céleste quand il se déleste de sa facétieuse mitraille.
Gaston est un soleil gris – yeux grands ouverts sur l’imaginaire – cheveux albuginés dressés verticaux – il éclaire son auditoire relayé, au sud, d’un rayon de barbe blanche.