
Il y a le vide d’une petite ville de province un jour d’avril où l’hiver s’étire.
Il y a la jeune boulangère qui me tend un pain au chocolat et confirme avec lassitude que tout est fermé le dimanche, ne me reste que le café face à la gare.
Il y a un vaste cerisier en fleurs – blanches – croisé en descendant le jardin botanique à la sortie du train.
Il y a la cathédrale dressée, bordée d’un petit cours d’eau où les canards s’envolent pour venir jusqu’à mes pieds.
Il y a l’hôpital – le deuxième de la ville – construction récente en-dehors du centre – bâtiment bleu-gris déserté par la vie.
Il y a ma grand-mère, si frêle et changée au fond de son fauteuil, le visage amaigri, ses cheveux anormalement longs et décoiffés qui lui donnent un air ahuri. Elle est là pourtant, la tête bien vissée, la mémoire ancrée dans un corps qui part à vau-l’eau.
Il y a une dame plus jeune dans le lit d’à-côté qui regarde des émissions télévisées. Elle a les cheveux gris foncés et maugrée une bouillie de mots parfois laissés incompris.
Et il y a la vie si neuve d’une petit garçon d’un mois qui rencontre la vie décroissante de son arrière-grand-mère, si contente de tenir son « petit chéri » entre ses bras.