Franck, Marina, Chloé, Baptiste et Oscar dans sa poussette, patientent regroupés le long du quai. Marina porte un quatrième enfant dans son ventre rebondi. Bientôt, ils seront six. Aujourd’hui, mardi 19 avril 2016, est le deuxième jour des vacances scolaires dans la zone C. Ils s’apprêtent à rentrer à la maison après une virée en famille à la Cité des Sciences, au cinéma, ou dans un parc grandeur nature en bordure de Paris.

Oscar a un an et demi, une petite bouille ronde, la peau claire et les cheveux roux. Son frère et sa sœur s’approchent de sa poussette à tour de rôle, pour le distraire et le couver du regard. Chloé porte des chaussures d’un rose franc et délavé d’avoir vu trop de chemins, rappel colorimétrique avec le paletot rose corail de sa mère. Baptiste, l’ainé, se bat contre de féroces guerriers imaginaires, le nez en l’air et le regard conquérant. Il a un beau visage, des cheveux blonds foncés coupés courts et des yeux bleus azur. Au même instant, Chloé est saisie d’une tristesse aussi subite qu’insubmersible. Son visage se teinte de marbrures rouges et entame sa déconfiture. Franck – ce père si calme – se met à hauteur d’enfant et ne cesse de lui parler jusqu’à ce qu’elle ait retrouvé son calme.

Il y a quelque chose d’attendrissant dans cette famille unie, nombreuse et un peu policée. Ils pourraient poser tout sourire dans une publicité d’après-guerre pour une machine à laver, vantant les mérites des familles nombreuses avec pour légende : « famille française ».

Mais existe-t-il une telle chose d’une famille standard? Ordinaire?