14/04/2016, Marta

14042016
Photo credit : Silentmind8 via VisualHunt / CC BY-ND

Marta parle un français presque parfait, teinté d’un léger accent germanique. Elle l’a perfectionné pendant ses études entre la France et l’Allemagne, avant de poser ses valises à Paris pour travailler.  Marta porte ses cheveux bonds miel à la garçonne. Elle a un visage poupon dépourvu de tout artifice, relevé de chaque côté des joues pleines et goulues de l’enfance qui se colorent de vermillon quand elle intervient en public. Marta parle pourtant avec une assurance frappante, d’une voix calme et posée, anime ou interrompt les débats avec précision. Ses pommettes rouges sont le seul signe extérieur de son trac et de sa timidité.

Sa mise me fait penser à celle d’une grande adolescente. Collants bleus canard et étrange écharpe de fils de laine bouillie entrelacés qui lui confèrent un maintien reptilien, tel un caméléon paré de torsades vertes et bleues. Ses couches stratifiées de t-shirts, pulls et gilets n’empêchent pas l’œil baladeur de distinguer une flaque sous chacune de ses aisselles. Marta est partisane du naturel, s’accepter tel que l’on est. Elle ne porte ni maquillage, ni déodorant. Quand elle s’assied à côté de moi, son corps dégage cette odeur rance et acide que l’on finirait presque par oublier dans nos sociétés aseptisées, perdus dans les rayons hygiène de nos supermarchés, entre le spray Fa anti-traces blanches qui zigouille le climat et le Narta enrichi en sels d’aluminium et aloe vera.

 

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