13/04/2016, John

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Photo credit: Chris JL via VisualHunt / CC BY-NC-ND

John a l’allure du parfait gentleman anglais : veste Prince de Galles, pantalon automnal, béret à carreaux et lunettes de soleil aviateur aux lueurs métalliques, qui apportent une touche de modernité à son accoutrement désuet. John est écossais et la nuance, à ses yeux, a son importance. Ses cheveux roux clairsemés sur les tempes et le haut du front se détachent avec flamboiement de sa peau laiteuse et fine, parsemée de rougeurs.

Nous nous sommes rencontrés pendant un séminaire à côté de Paris. John est un vrai professionnel, toujours prompt à intervenir, capable de parler boulot et politique agricole commune pendant des heures. Cela me fatigue toujours un peu, ces colloques où l’on se retrouve à parler travail de façon ininterrompue du petit déjeuner pris à la table commune jusqu’au soir. La pression à avoir l’air intelligent, à ne se parler, se rencontrer et se définir qu’à travers une seule et même corde. Cela manque de musicalité.

Nous étions à la ferme – une série de bâtiments robustes retapés pour accueillir les citadins – la belle nature juste à côté, bruissante et écumante. Après le diner, notre hôte nous a proposé une marche. Nous fûmes une dizaine à aller voir le soleil disparaitre au dessus de l’étang et du château qui jouxtent la ferme. Puis s’enfoncer dans les bois frais et humides à la nuit tombée. Respirer, les perspectives modifiées devant ce paysage flouté par la lumière déclinante, l’air saturé d’oxygène. Nous étions en fil indienne, moi juchée sur mes bottines à petits talons, les deux pieds dans la terre boueuse, John me suivant et me remerciant pour mes talents d’éclaireuse de l’ombre.

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