
Tom a un petit visage doré qui porte encore les rondeurs de l’enfance, accentuées par sa coupe de cheveux, bol châtain et baguettes raides. Il me dit que je lui ai piqué sa place au supermarché où les lève-tard se pressent le dimanche matin. Je m’excuse auprès de Tom, je pensais qu’il attendait sa maman. Sa maman arrive justement, remercie son fils de sa veille attentive et me propose de passer devant avec mon unique légume.
Tom babille derrière moi et tripote sa montre ornée d’un gros ourson jaune. Il m’explique que ce n’est pas Winnie, parce qu’il n’existe pas en Arménie, juste en France. La maman de Tom arrive avec leurs dernières courses et lui dit que si, Winnie y existe sans doute aussi. Tom a un pied en France, et l’autre en Arménie. Sa maman en porte les traits. Tom m’expose avec patience le fonctionnement élaboré de sa montre qui se raidit sans coup férir et s’adapte à tous les poignets. Puis il me donne l’heure et me montre les différentes surfaces auxquelles sa montre peut s’accrocher, tests à l’appui.
Tom est un drôle de petit bonhomme. Il me parle de ses grand parents qui vivent ici et des autres en Arménie, m’explique que je ne pourrai pas y aller en voiture : « L’Arménie, c’est très loin même si pas autant que l’Amérique, l’Egypte du Nord et l’Afrique. » Tom me demande si je connais la Corse, « oui », et les Canaries, « pas encore ». Sa mère rit et lui demande s’il va m’énumérer toutes ses destinations de vacances.
Tom est petit – 6 ans tout au plus – mais il a déjà visité beaucoup de pays. Il en porte la marque au fond de ses yeux, dans sa façon ouverte et posée de s’offrir au monde.