Benoit est assis juste devant moi, seul, attablé face à sa bière à une table de quatre. Nous  sommes certainement dans le bar le plus bobo à moins de vingt mètres de la place de la République. L’effervescence superficielle du lieu tranche presque brutalement avec l’ébullition d’idées de la nuit debout juste à côté.

Ici, la musique est forte mais pas forcément bonne, les cocktails chers et la place comptée. Nous ne savons pas pourquoi nous avons échoué ici, nous avons suivi mollement l’adresse recommandée par un ami.

A l’intérieur il y a des filles jolies jolies, lèvres rouges laquées, leurs vêtements habitent l’espace entre jupes amples et manteaux texturisés. Les garçons, eux, sont barbus. Benoit pourrait paraitre quelconque – cheveux ni clairs, ni foncés, et veste sombre qui passe inaperçue – mais son allure dénote nettement de la norme du lieu et renverse mes repères de l’ordinaire. Benoit est penché sur son smartphone et lit des articles de Libé en sirotant sa bière. Il attend, finit par être rejoint par un ami et quitte aussitôt les lieux.

Drôle d’endroit pour patienter.