
Paulo a un accent slave à couper au couteau, le visage usé mais rieur, amaigri et espiègle. Il me tient la porte à l’entrée de la Poste, avant de se poster lui aussi devant le comptoir. Paulo a une enveloppe blanche dans sa main droite et explique à qui veut bien l’entendre qu’il ne sait pas se servir des machines d’affranchissement, alors il préfère attendre pour parler à un vrai être humain.
Paulo interpelle un monsieur grisonnant dans la file d’à côté, celle des services bancaires. « Salut copain, comment ça va bien? » Ils se saluent. Paulo le félicite sur son couvre-chef – une casquette plutôt banale – et prend des nouvelles, il essaiera de passer le voir samedi après-midi. L’autre lui rend son compliment et le félicite sur son chapeau en paille finement tressé et élimé, et sur sa petite sacoche de cuir noir émaillée de peinture blanche.
Paulo est maçon. Il le dit en souriant, son enveloppe en main en attendant un professionnel : « Bah oui, y a pas écrit la poste sur mon front, il y a écrit maçon. » La professionnelle arrive enfin. Paulo me cède sa place. Je crois qu’il est ici surtout pour discuter, échanger. Il en profite pour parler à la petite fille derrière lui qui attend sagement en tenant la main de son père. Après lui avoir dit son âge – « deux ans » – elle demande à son papa si elle a le droit de parler à la dame, ce qui nous fait tous pouffer.
Il ne manque pas de charme Paulo, il dégage même une certaine élégance, mais il n’a pas grand chose de féminin.
Ils regardent, ils observent et parlent autour d’eux. Ils tendent des mains, lancent des clins d’oeil amicaux. Ils construisent des ponts entre les hommes.
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