
Rosa a des yeux de chat, le visage rond et les pommettes hautes. Elle est originaire du Nicaragua et passe quelques semaines en France pour parler de l’association pour laquelle elle travaille. Sur un peu plus de six millions d’habitants, quasiment un tiers de la population a fui hors des frontières du pays; espérant laisser derrière elle pauvreté et chômage pour un avenir moins gris. La réalité, elle, est ailleurs. Rosa nous parle de son combat pour protéger les droits des migrants nicaraguayens, pour qu’ils ne se retrouvent pas sans papiers et exploités en territoire hostile. Adieu Eldorado.
Elle a à peine trente ans et un long passé de militance. Quand elle était étudiante, elle faisait partie d’un mouvement de jeunes pour promouvoir les droits sexuels et génésiques. Puis elle a travaillé dans une maison venant en aide aux femmes victimes de violences. Rosa ne s’est pas retrouvée ici par hasard. Elle aussi vient d’une famille d’émigrants : une partie au Panama, l’autre au Costa Rica. Elle, est toujours restée là.
Un jour, son grand frère a pris quelques affaires, direction le Costa Rica, pour y chercher un avenir meilleur. Rosa et sa famille n’ont plus entendu parler de lui pendant huit longues années. Sa mère le croyait mort. Quand Rosa s’est rendue au Costa Rica pour une mission, elle a entrepris des recherches. Elle a fini par le retrouver, vivant mais usé. Rosa est émue quand elle parle de ça. Son frère ne leur avait pas écrit car il n’a pas trouvé la vie tant espérée. Il arrivait tout juste à gagner de quoi vivre, pas de quoi économiser. Revenir sans succès et sans argent, pour lui, ça n’était pas possible. C’était une question d’honneur.