
Bénédicte s’est arrêtée face à mon air désarçonné, bloquée devant le portique du métro. Je suis fatiguée, cassée, glacée, et je viens de laisser mon pass navigo naviguer vers d’autres cieux.
Alors elle me dit de ne pas m’inquiéter, il est reproductible mon pass, il suffit juste de trouver la denrée rare : une boutique RATP. Ça n’est rien et en même temps c’est précieux, quelqu’un de bienveillant qui prend le temps de vous parler. En plus, je venais juste de le charger mon pass.
Bénédicte a un visage fin, des cheveux longs et châtains qui descendent jusqu’au milieu du dos, et des lunettes rectangulaires sans coquetterie particulière. Elle m’explique qu’elle est au chômage en ce moment alors son pass elle ne le paie pas. Elle le dit avec pudeur. C’est disgracieux, stigmatisant ce mot « chômeur ». Comme si on passait ses journées à ne rien faire. Je lui dis que moi aussi j’ai eu la gratuité transports il y a un moment, que c’est bien mais finalement, il y a peu de gens pour vous en informer.
Juste le temps de lui souhaiter du succès dans ses recherches et Bénédicte embarque dans son train.