Josiane a soixante-quinze ans, des cheveux rouges orangés teintés de frais, une moustache de femme âgée et un regard triste et statique quand on la croise à l’arrêt du bus. A elle aussi on demande notre chemin, mais j’avais surtout envie de lui parler. Il fait grand beau ce matin, Josiane porte un cabas de produits frais achetés au marché d’à côté.

Josiane n’est pas d’ici. Pas vraiment. Elle a des origines bretonnes et elle a vécu à Paris pendant soixante-cinq ans. Dans le 15ème arrondissement, puis à Bussy-Saint-Georges et Romainville quand elle et son mari ont eu un enfant. Son fils vit à Paris et son petit-fils à Valence, alors elle est un peu entre les deux. A leur retraite, elle et son mari ont commencé à aller de plus en plus souvent en Haute-Loire. Puis, ils se sont égarés jusqu’à Clermont-Ferrand. Ils y ont visité un bel appartement sur les hauteurs et ça a été le coup de cœur.

Le mari de Josiane est décédé il y a six semaines. Ils vivaient encore entre Paris et Clermont-Ferrand quand il est tombé malade. Puis les soins entre deux hôpitaux sont devenus trop éreintants et ils se sont installés à plein temps. Josiane est seule ici, elle ne connait presque personne. Mais elle a son appartement, une grande terrasse où elle peut jardiner et la forêt à deux pas pour promener son chien. Elle ne veut pas revenir à Paris, mais elle ne sait pas encore si elle restera là. C’est trop frais, il faut qu’elle prenne le temps de se pe(a)nser.

Josiane était contente de nous parler et c’était vraiment partagé. Elle nous a livré beaucoup, jusqu’à la vue depuis ses fenêtres.