
Vingt minutes à pieds en ligne droite le long du Faubourg-Saint-Antoine pour rejoindre ma station. C’est l’heure d’entre deux mondes, des retours par les derniers métros et de l’entrée en piste des oiseaux noctambules. La musique des bars me parvient aux oreilles pendant que je remonte la rue et que je passe là où je suis née. A quelques encablures, je croise une jeune femme en larmes recroquevillée devant une large porte en bois. Je passe d’abord, puis je reviens sur mes pas.
Je lui demande si je peux faire quelque chose. Je veux juste qu’elle puisse ressentir autre chose que l’indifférence des passants, même si je lis dans ses yeux que je peux peu. Elle me dit quelque chose d’indéfini entre deux sanglots mais prend le mouchoir que je lui tends en disant merci.
Ses larmes ressemblent à celles des chagrins amoureux, ceux qui dévalent les joues entre deux portes en cours de soirée. J’aurais pu lui dire que ça passerait, mais je ne crois pas que ça serve à quelque chose, à part à vous donner l’air vieux. On est toujours seul à décider de quand on est prêt à aller mieux.