
Je me suis assise à côté de lui dans le métro. Je sortais d’un apéro boulot, deux verres de vin au compteur. Pas de quoi lever les inhibitions très franchement, mais suffisamment pour me dire que ça pourrait être opportun d’adresser la parole à mon voisin.
Une entrée en matière pas si téméraire à base de « vous habitez dans le quartier? ». Il m’a regardé en disant « english ». Ok, on embraye en anglais.
Il vient du Sri Lanka, il a un fort accent auquel je ne suis pas habituée, un visage rond et des cheveux courts portés en brosse. Il m’explique qu’il vit à Paris depuis 4 ans, qu’il travaille dans un restaurant à Saint Germain des Prés et vit dans un appartement avec d’autres Sri Lankais. Puis il me demande si je suis mariée, si je vis chez mes parents, et enfin, si je vis seule. Le spectre se resserre au rythme de mes réponses et me confirme que la rencontre humaine spontanée femme-homme peine à échapper au stéréotype normé de la femme en quête d’un mâle dominant. Il me précise qu’il n’a ni femme ni enfant.
Je lui adresse un sourire gêné – son téléphone sonne – il répond – c’est ma station – au revoir.