
Il fixe une liseuse l’air absorbé de fatigue. Yeux bleus, cheveux blonds, coiffure sage, un air d’enfant de chœur à l’heure du premier employeur. J’hésite à lui parler, je me demande si forcément, j’aurai l’air de celle qui drague. Il n’est pas du tout mon genre pourtant.
Il a la tête baissée désormais et je ne vois plus ses yeux qui donnent tous les signes de celui qui a abandonné la bataille des mots, assoupi. Les derniers remparts cèdent et le voilà qui dodeline de la tête à rythme régulier. Je l’observe pour m’assurer qu’il rouvre les yeux aux arrêts du train. Je me dis que s’il est trop endormi, je le réveillerai pour qu’il ne rate pas sa station. Finalement, il ouvre les yeux péniblement. Je lui glisse un « la semaine a été rude? » auquel il répond par un son non homologué, récupère son sac et descend.