13/01/2016, Pascal

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Copyright : Rosemary Gilliat. Library and Archives Canada, e010836098 /

J’ai rencontré Pascal à la sortie du théâtre après une pièce de deux heures trente. Il était venu avec un groupe de personnes que je connais un peu. Les cigarettes se sont allumées et les langues déliées. « Alors t’en as pensé quoi? C’est hyper fort quand même, magistral vraiment. » Il a joué la voix dissonante qui vient bousculer l’ordre ébaubi et établi de sortie de salle. Ces instants ont toujours un fort pouvoir d’irritation sur moi, cette urgence à dire j’aime ou j’aime pas avec l’air de tout savoir. Pascal a sauté à pieds joints dans l’harmonie enthousiaste et unanime, sans doute avec d’autant plus d’aplomb que ça le démarquait.

Puis nous sommes tous allés boire un verre. Pascal a une cinquantaine d’années, le teint mat et un visage un peu animal. Il est comédien mais pas que, même si je n’ai pas bien compris ce qu’il faisait. Il a parlé de ses vacances en Bretagne depuis l’enfance, de la quête du caban suffisamment épais, et il m’a souri quand la mégère d’à côté me bousculait. Cette femme, je la vois à chaque fois que je vais au théâtre avec ce groupe. Je lui trouve un reflet de défaite sur le visage, comme un sentiment de n’avoir pas réussi sa vie alors qu’elle en voit déjà le bout.

Une réflexion sur “13/01/2016, Pascal

  1. Ou quand une personne en cache une autre, troublant exercice de portraits-gigognes. Peut-être bien que l’auteure en un elle aussi, de ces personnages qui chuitent sous la plume et arpentent le bitume ?

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