
Aujourd’hui, j’ai fait ma première rencontre frontale.
Je rentrais de ma journée de travail, déçue de n’avoir pas su entrer en communication avec ces deux femmes qui discutaient sans discontinuer dans le train, entre deux fournées de tucs dans la bouche du petit garçon qui gesticulait et interférait à rythme régulier dans leur conversation.
En arrivant chez moi, j’ai croisé un homme âgé assis sur un banc. Il avait l’air aimable avec sa moisson de cheveux gris, assis devant ce square minuscule et clos surmonté d’une statue à l’effigie d’un monsieur turc dont je ne me rappelle jamais ni le nom, ni les hauts faits.
Je lui ai dit que j’avais décidé de parler à une nouvelle personne chaque jour et qu’aujourd’hui – s’il le voulait bien – ce serait lui. Il a dit d’accord, suivi d’un « Dites moi tout mon petit », certain que j’étais là parce que j’en avais gros sur le cœur. Je lui ai répondu que j’allais bien, que j’avais juste envie de découvrir de nouveaux gens. Il a ri, puis il m’a dit que j’étais bien tombée, et puis que c’était plus facile avec lui parce que ça ne devait pas être facile pour une jeune femme d’aborder des hommes qu’elle ne connait pas. Il m’a dit qu’il n’avait jamais aimé ça, la drague, même quand il était jeune.
Ça n’a pas duré longtemps, il attendait une amie. Georges est artiste, un peu de tout, dessins, sculptures, peintures. Il venait d’enregistrer une émission de radio le matin même sur une artiste qui vit à Lille, une graveuse géniale, même s’il n’aime pas les génies.