
Une rencontre, ce n’est pas forcément un échange humain. Il y a aussi les soliloques vides, bêtes et nuisibles d’un sombre connard dans le RER un soir de janvier. Ce sont les rencontres unilatérales, celles que l’on reçoit en plein visage sans avoir rien demandé. La litanie raciste et racialisante. Des insultes sans queue ni tête jetées à la figure d’un homme que je ne voyais pas depuis ma place, noir manifestement. Et ça parle bananes, boulot volé et « je vais baiser ta femme ».
L’homme ne dit rien. Personne ne dit rien.
J’ai fermé ma gueule. J’ai honte et je suis en colère. Les gens dans la rame ne disent rien, ils feignent de ne pas entendre.
La dernière fois que je l’ai ouverte, ma gueule, j’ai failli me faire taper dessus. Je me suis faite insulter pendant dix minutes sans discontinuer. J’étais en état de choc. Un racisme anti-femmes et anti-blanches vil et primaire.
Peut-être que chaque personne dans cette rame de RER a aussi manqué de se faire taper dessus? Peut-être ont-ils peur eux aussi?
Et lui, cet homme ivre d’alcool qui débite sa connerie en open bar? J’ai envie de lui cracher au visage et en même temps, il me fait pitié. Il dégaine ses insultes vides de sens, il se contredit mais il invective toujours. Je me demande comment il en est arrivé là, contre qui et quoi est-il à ce point en colère, ce que la vie et la société lui a refusé et qu’elle accorde à d’autres.
Je me demande ce que je devrai faire la prochaine fois.
Quand je lis ce texte j’ai envie de gueuler à tes côtés. Ça peut paraître un peu grandiloquent, mais nous le ferions épaule contre épaule, camarades au poing dressé contre les cons.
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